On vous présente ici 3 yōkai (妖怪), ces créatures surnaturelles très présentes dans le folklore japonais. Ils sont souvent représentés comme des esprits malicieux ou malfaisants, démontrant les tracas quotidiens ou inhabituels.
Amateurs de mythes et légendes nippones, cet article va vous ravir !
Qu’est-ce qu’un yōkai (妖怪) ?
Le mot yōkai est composé des kanji 妖, « attirant », « ensorcelant » ou « calamité », et 怪, « apparition », « mystère », « méfiant ».
Leur comportement varie de l’espièglerie à la malveillance. Occasionnellement, ils portent chance ou malchance à ceux qu’ils rencontrent. Ils possèdent souvent des attributs d’animaux ; ils peuvent également avoir des traits plus humains ou ressembler à des objets inanimés. Les yōkai ont souvent des pouvoirs spirituels surnaturels.
Les folkloristes et historiens japonais utilisent le terme yōkai pour désigner les « phénomènes surnaturels ou inexplicables pour ceux qui en sont témoins ». Durant l’époque Edo, de nombreux artistes, comme Toriyama Sekien (鳥山 石燕), ont créé des yōkai, soit ex nihilo, soit inspirés du folklore. Ainsi, certains yōkai sont considérés – à tort ! – comme des êtres d’origine légendaire.
Le yōkai Yamata-no-Orochi (八岐大蛇)
Il s’agit d’un dragon démoniaque possédant 8 têtes et 8 queues. Son corps gigantesque s’étend sur 8 vallées et 8 montagnes (rien que ça…!). Son histoire est relatée dans le Kojiki (古事記), le plus ancien recueil japonais datant du début du VIIIème siècle.
Expulsé du paradis, Susanoo (素戔嗚命/須佐之男命), le dieu des tempêtes, arriva sur Terre. Il rencontra deux divinités terrestres désespérées suite au sacrifice de leurs filles au grand serpent. Conscient de la difficulté à vaincre Orochi frontalement, Susanoo prépara 8 grandes cuves de liqueur. Après que toutes les têtes se furent évanouies, Susanoo découpa le dragon en morceaux. Dans l’une des queues, il trouva une puissante épée, Kusanagi-no-Tsurugi (草薙の剣) . Cette lame devint l’un des trois trésors sacrées du Japon. Elle se trouverait aujourd’hui au sanctuaire d’Atsuta, à Nagoya.
Les reiki (霊鬼)
Les reiki (霊鬼) sont les fantômes des démons (oni 鬼). Puissants et plus féroces que les fantômes humains, les reiki se nourrissent du sentiment de vengeance et apparaissent entourés d’une aura lumineuse. Les démons (oni 鬼) sont réputés difficiles à tuer ; par conséquent, les reiki sont beaucoup plus rares que les fantômes humains.
Le mot est entré pour la première fois dans la langue japonaise au Xème siècle. Il apparaît dans le recueil Konjaku Monogatari (今昔物語集), qui raconte de nombreuses histoires de créatures surnaturelles.
Le reiki le plus célèbre est le fantôme de l’oni du temple Gango-ji (元興寺). Il s’agissait d’un serviteur paresseux et méchant, employé autrefois par le temple. A sa mort, l’esprit du serviteur s’était transformé en fantôme de démon et tuait les prêtes du temple.
Le yōkai Ao Bozu (青坊主)
Le Ao Bozu (青坊主) est apparu pour la première fois en 1776 dans le Gazu hyakki yagyō (画図百鬼夜行, La Parade nocturne illustrée des cent démons), le premier bestiaire yokai de l’artiste Toriyama Sekien (鳥山 石燕).
Son illustration montre un prêtre bouddhiste solitaire dans une cabane de montagne. Grand et costaud, il arbore un seul œil sur une tête ronde. Le nom que Sekien a donné son illustration, Ao Bozu, pourrait avoir plusieurs sens.
Ainsi, ao (あお), ou bleu en japonais, signifie aussi jeune ou non qualifié. Un Ao Bozu pourrait donc être un prêtre novice, ou un imposteur qui porte les vêtements d’un prêtre. Le nom pourrait également évoquer la couleur de sa peau. Toutefois, l’illustration originale de Sekien étant en noir et blanc, on ne peut que supposer…
Quelles que soient les intentions initiales de Sekien, de nombreuses légendes ont surgi à travers le Japon à propos de cette créature. Dans la plupart des cas, l’Ao Bozu est littéralement bleu. On dit qu’il apparaît mystérieusement au crépuscule. Il lance alors un défi (une énigme ou un match de sumo) et la défaite signifie souvent la mort pour le perdant.