Le Kōyō ou Momiji 紅葉 est pour les Japonais le Sakura de l’automne. Ainsi à la place du fameux Hanami 花見 (pique-nique en contemplant les fleurs de cerisiers) les Japonais d’adonnent à ce qu’on pourrait traduire comme chasse aux feuilles de couleurs rouge ou au changement de couleur 紅葉狩り Momiji Gari (Gari signifiant la chasse). Mais plus qu’un phénomène touchant un seul arbre comme pour les cerisiers au printemps, le changement de couleurs en automne touche un très grand nombre d’espèces. En résulte un dégradé de couleurs éclatantes allant du jaune vif et doré des feuilles de Ginko au rouge étincelant des Momiji (érable japonais).
Quel est l’origine de cet engouement ? Comment trouver les meilleurs endroits pour observer ce phénomène et à quelle période ? Nous répondrons dans cet article à toutes ces questions avec dans une première partie les meilleurs endroits pour en profiter en dehors de Tokyo.
Origine
Ce phénomène est décrit depuis de nombreux siècles dans les recueils ancestraux et dépeint par les plus grands artistes peintres et maitres de Haiku japonais.
Les mots faisant référence aux « feuilles d’automne 紅葉 » apparaissent la première fois dans le Manyoshu 万葉集, le plus ancien recueil de poésie Waka existant au Japon. Cela suggère que d’observation des feuilles d’automne et de l’attrait pour ses couleurs existe depuis environ 1 200 ans et que sa beauté était déjà connue depuis la période Nara (710-794).
Cependant, cette activité était loin d’avoir la même importance que l’observation des Sakura ou les fleurs de Fuji (Glycine) parmi les nobles de la période Heian. En effet, il fallait s’aventurer en montagne et s’éloigner des jardins et des résidences, ce qui explique ce décalage de popularité d’après certains. Il faudra attendre l’ère Edo pour que cette activité se popularise auprès grand public, sous l’influence d’événements tels que l’Ise-ko (pèlerinage au sanctuaire d’Ise) et le Kumano-mode (pèlerinage dans les montagnes de Kumano). Un des premiers livre touristique ou « magazine » guidant les curieux vers des lieux d’intérêt proche des villes tels que le « Miyako Meisho-zu-ai » (都名勝図会) à aussi fait son apparition.
Plus qu’un loisir
Il existe de nombreuses formes pour profiter de l’automne et de ces couleurs chaudes et éclatantes. Les plus populaires étant d’aller, comme les japonais de l’ère Edo, au temple ou dans un sanctuaire Shinto qui arborent très souvent des arbres centenaires. Vous pouvez aussi profiter du Koyo dans un des nombreux onsen et ryokan du Japon tout en vous delassant une source thermale. Enfin, une autre activité populaire est la conduite. Cela peut sembler un peu surprenant mais pour de nombreux japonais l’utilisation de la voiture, surtout en ville est quelque chose de rare. Ainsi une sortie en voiture à la montagne ou à la campagne est une activité très appréciée. Encore plus en automne ou les routes arbores des couleurs jaunes et oranges avec des petites points de rouges des Momiji.
Kōyō à Nikko
Tout d’abord halte par Nikko, sûrement la destination la plus connue et la plus prisée par les touristes japonais et étrangers de passage à Tokyo. Nikko est située à 2h de train du centre de la capitale nippone. Comptez environ 40 euros aller-retour mais il faudra changer pour un bus pour atteindre le lac et les chutes d’eaux dans la vallée supérieure.
La partie supérieure de la ville correspond au lac Chuzenji et à sa montagne Nantai qui ressemble étrangement au Mont Fuji. Les nombreuses cascades et points d’observations vous offrirons des spectacles incroyables. Un peu en décalé au niveau de la période de pic de changement de couleur, la partie inférieure de la ville est essentiellement connue pour son sanctuaire abritant le corps du Shogun fondateur de l’ère Edo, Tokugawa Ieyasu, et ses nombreux sanctuaires sur la rive nord de la rivière Daiya.
Nos recommandations :
– Lac Chuzenji 中禅寺湖
– Cascade Kegon et Ryuzu 華厳の滝 竜頭の滝
– Temple Toshogu 東照宮
– Observatoire de Hangestuyma (photo ci-dessus) 半月山の展望台
– Ancien pont de Shinkyo 神橋
Meilleure période :
Nikko supérieur: debut octobre / fin octobre. Nikko inferieur : fin octobre / mi-novembre
Fukushima et ses lacs
Depuis le violent séisme qui a frappé le Japon en 2011, le nom de Fukushima a un sens particulier pour une grande majorité de Francais. Au-delà de cette image, la préfecture regorge de lieux et de paysages magnifiques notamment dans sa partie montagneuse de la région d’Aizu.
Situé à 3h de route de Tokyo, commencez votre périple par le lac Inawashiro qui ouvre la porte sur le mont Bandai et les nombreuses routes de montagnes très agréables à empreinter en automne. Arrivé au plateau vous avez le choix entre une douzaines d’étangs aux eaux turquoises crées à la suite de l’eruption de 1888.
Une petite sortie en pédalo ou en barque sous les Momiji rouge ne vous laissera pas indifférent.
Nos recommandations :
– Etangs de Goshikinuma 五色沼
– Shingu Kumano sanctuaire 新宮熊野神社
– Pont ferroviaire de la rivière Tadami 第一只見川橋梁à
– Parcourir les routes de montagnes en voiture
Meilleure période : Mi-octobre / mi-novembre
Niigata et ses rizières
Bénéficiant des plus fortes chutes de neige de l’île principale du Japon, Honshu, Niigata est connue pour ses stations d’hiver qui ne rougissent pas face à nos stations des Alpes et des Pyrénées et de sources thermales plusieurs fois centenaires comme le onsen de Tsubame. Une des autres attractions de la préfecture est son nombre impressionnant de rizières en terrasse. Une fois l’automne arrivé, se transforme en miroir offrant un spectacle mystique avec la brume matinale et les couleurs rouges orangées du Kōyō et du soleil levant.
Nos recommandations
– Kiyotsu gorges 清津峡
– Hoshitoge rizière 星峠の棚田
– Parc de Yahiko 弥彦公園
Meilleure période : Mi-octobre / début novembre