Kenpō kinenbi (憲法記念日) : le jour de la constitution

Le 3 mai marque le jour commémoratif de la Constitution japonaise. Il fait partie de la Golden Week et célèbre la constitution de 1947, entrée en vigueur au Japon quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

Extrait de la constitution japonaiseLa Constitution de l’Empire du Japon de 1889

Entrée en vigueur en novembre 1890, la Constitution de l’Empire du Japon (大日本帝國憲法, dai-nippon-teikoku kenpō, littéralement « Constitution de l’Empire du Grand Japon  », ou « Constitution Meiji ») est la première loi fondamentale de l’empire du Japon.

Ce texte visait deux objectifs :

  • donner l’image d’un pays moderne pour pouvoir négocier sur un pied d’égalité et
  • renforcer la légitimité du nouveau pouvoir impérial dans le contexte de la restauration impériale.

Il s’appuie sur les différents systèmes existants en Europe, notamment ceux de la Prusse et de l’Autriche-Hongrie. Un problème surgit toutefois : l’opposition entre les principes de souveraineté impériale et de gouvernement constitutionnel. Cette Constitution marque toutefois un tournant décisif dans la modernisation des institutions.

La Constitution de l’État du Japon de 1947

La Constitution de l’État du Japon (日本国憲法Nihon-koku kenpō) date de la fin de la Seconde Guerre mondiale.  en vigueur le est inspirée par le travail de Douglas MacArthur, le commandant suprême des forces d’occupation alliées au Japon, déterminé à désarmer et démocratiser le Japon.

Elle diffère de la version précédente par l’importance qu’elle attache à trois points particuliers :

  • la souveraineté populaire (et non pas impériale),
  • le respect des droits humains fondamentaux et le pacifisme et
  • la renonciation définitive à la guerre (le fameux Article 9).

La nouvelle Constitution confère toujours une place centrale à l’institution impériale mais elle se situe bel et bien dans l’héritage de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, avec pour objectif de « défendre les droits naturels et civils, sacrés et imprescriptibles ».

Les spécificités de la Constitution japonaise

La Constitution japonaise n’a pas été amendée depuis son établissement. Si c’est l’une des seules au monde à n’avoir jamais été modifiée, elle a fait malgré tout l’objet d’appels répétés en faveur de sa révision. Ce mouvement s’est intensifié en décembre 2012, quand Abe Shinzō a indiqué que la réforme de la Constitution était l’une des priorités de son mandat ; il quittera toutefois  le pouvoir en septembre 2020 sans y avoir apporté de modification.

Les demandes d’amendement portent sur l’article 9, qui définit la renonciation à la guerre :

« Chapitre II. Renonciation à la guerre

Article 9. Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.

Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu. »

Cet article divise le Japon et génère des conflits au Parlement. En effet, pour la plupart des Japonais, il permet de tourner la page de l’impérialisme et de la guerre. Les nationalistes, quant à eux, estiment que la configuration géopolitique actuelle rend nécessaire la révision de cet article.

Par ailleurs, sous la pression américaine, le texte a repris plusieurs réformes sociales, notamment le suffrage féminin. L’égalité entre les sexes est inscrite dans la Constitution : c’est une première mondiale !

Enfin,  la première « Constitution Meiji » marqua l’introduction, pour la première fois en Asie, d’un système constitutionnel de type occidental.


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