Le Japon est un pays empreint de traditions. Certaines pratiques se raréfient et tendent à disparaitre, mais il reste possible d’apprécier, aujourd’hui encore, des cérémonies vieilles de plusieurs siècles. C’est le cas du yabusame (流鏑馬), cette pratique particulière de tir à l’arc .
Brève histoire du yabusame (流鏑馬)
Le yabusame (流鏑馬) est une technique de tir à l’arc à cheval. C’est une pratique ancienne, utilisée aussi bien à la chasse qu’à la guerre. Si les Japonais sont reconnus dans le monde entier pour leurs guerriers épéistes (les fameux samouraïs 侍), il faut savoir que l’arc était l’arme favorite de Jinmu Tennō 神武天皇, l’empereur légendaire fondateur du Japon. C’est donc une arme à la symbolique forte.
Le yabusame (流鏑馬) est apparu durant la période Kamakura (1185-1333) sous l’impulsion du shogun* Minamoto no Yoritomo (源頼朝), soucieux de combler les lacunes de ses samouraïs.
Il s’agissait d’un entraînement extrêmement rigoureux, au point que si les archers obtenaient de piètres résultats, on pouvait leur ordonner de commettre le seppuku 切腹, forme rituelle de suicide. Il faut comprendre qu’être choisi pour devenir archer yabusame (流鏑馬) était un très grand honneur, exclusivement accordé aux meilleurs guerriers.
Avec la modernisation des armes de guerre, et notamment l’arrivée des fusils au milieu du XVIème siècle, le yabusame (流鏑馬) tomba en désuétude puis réapparut durant la période Edo (1600-1868). L’archipel était en paix et le tir à l’arc devint davantage une méthode de développement personnel. Le yabusame (流鏑馬) se transforma donc en art martial, combinant discipline guerrière et spiritualité empruntée au bouddhisme zen et au shintoïsme.
Le yabusame (流鏑馬) aujourd’hui
Aujourd’hui encore, il existe deux écoles de yabusame (流鏑馬), l’école Ogasawara Ryu et l’école Takeda Ryu. Concrètement, la pratique consiste à atteindre les 3 cibles réparties sur une piste de 225. Le placement des cibles représentee les points faibles des armures japonaises. Durant la course, le cavalier ne peut diriger le cheval qu’avec ses jambes puisque ses deux bras sont occupés à tenir l’arc et les flèches. Quand il approche de la cible, il place la flèche devant son oreille avant de la laisser partir au cri de « In-yo-in-yo » (« Obscurité et lumière »).
L’extrême rigueur de cette pratique a conduit à sa ritualisation. S’il était décrit comme un moyen d’attirer les faveurs des divinités, aujourd’hui, le yabusame (流鏑馬) est vu comme un rituel plutôt qu’un sport à cause de son côté solennel et de son aspect religieux. Il est souvent pratiqué lors de cérémonies spéciales ou d’évènements officiels.
Il est possible d’assister chaque année à des représentations de yabusame (流鏑馬) au sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu de Kamakura, près de Tokyo. Elles ont lieu en avril et en septembre.
* Le terme shogun signifie « général ». Il s’agit de l’abréviation de seii taishōgun (征夷大将軍), que l’on peut traduire par « grand général pacificateur des barbares ». Néanmoins, après qu’il fut attribué à Minamoto no Yoritomo, il devint un titre indiquant souvent le dirigeant de facto du Japon (dictateur militaire), alors même que l’empereur restait le dirigeant de jure (en quelque sorte le gardien des traditions). Le titre de seii taishōgun fut par la suite abandonné lors de la constitution au XIXème siècle du kazoku, c’est-à-dire de la noblesse japonaise.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Shogun
Photos : Jmills74, CC BY-SA 3.0 <http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/>, via Wikimedia Commons / Ginko Adachi (active 1874-1897), Public domain, via Wikimedia Commons /Takashi Hososhima from Tokyo, Japan, CC BY-SA 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0>, via Wikimedia Commons /