La langue japonaise offre mille et un mots et expressions difficiles à cerner pour ceux qui ne sont pas natifs. Voici quelques exemples qui reflètent le sens de l’esthétisme et la sensibilité aux choses éphémères propres à la culture nippone.
Tsundoku (積ん読)
Mot qui désigne cette manie compulsive d’acheter des livres qu’on n’aura pas le temps de lire et qui vont donc juste s’entasser dans la bibliothèque.
Mono no aware (物の哀れ)
Expression qui renvoie à la douce tristesse qu’on ressent lorsqu’on prend conscience de la fugacité des choses de la vie. S’applique par exemple à la floraison des cerisiers, que les Japonais apprécient d’autant plus qu’elle ne dure guère. C’est une sensibilité pour l’éphémère, en quelque sorte.
Irusu (居留守)
Caractérise le fait de se faire le plus discret possible et de prétendre ne pas être chez soi lorsque quelqu’un sonne à la porte.
Komorebi (木漏れ日)
Mot faisant référence à la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres. L’attention que portent les Japonais aux plus infimes beautés de la nature s’exprime à merveille ici !
Kawaakari (川明かり)
Mot qui s’applique aux reflets particuliers que peut prendre l’eau au crépuscule ou une fois la nuit tombée, par exemple le miroitement de la lune sur l’onde d’un lac ou d’une rivière.
Natsukashii (懐かしい)
Adjectif employé lorsque le passé refait brusquement surface, via un objet, un souvenir, une mélodie… Mais attention, aucune peine n’est ressentie : ce qui est 懐かしい rend nostalgique, mais sans regret, plutôt avec bonheur.
Kyōiku mama (教育ママ)
Correspond à une mère qui exerce une pression et un contrôle excessifs sur ses enfants en matière d’études et d’orientation professionnelle. Clairement péjoratif.
Shoganai (仕様が無い / しょうが無い)
Renvoie à toute une philosophie de l’existence, fondée sur l’importance de l’acceptation : les Japonais l’utilisent pour remonter le moral de quelqu’un qui connaît un épisode difficile en lui signifiant que parfois, certaines choses négatives adviennent sans qu’on n’y puisse rien. 仕様が無い est donc une espèce d’incitation au détachement.
Boketto (ぼけっと)
Nom qui exprime le fait de regarder distraitement au loin, signe qu’on est physiquement présent, mais mentalement absent.
Arigata meiwaku (ありがた迷惑)
Désigne l’aide offerte par quelqu’un sans qu’on lui ait rien demandé. Une initiative qui peut s’avérer totalement contre-productive, et pour laquelle on se sent, malgré tout, obligé d’afficher sa reconnaissance. En résumé, c’est une bonne intention… indésirable !
Koi no yokan (恋の予感)
Sorte de prémonition amoureuse. Toutes ces sensations exaltantes qu’on ressent lorsqu’on rencontre pour la première fois quelqu’un dont on devine qu’on va, immanquablement, s’éprendre. Pas tout à fait le coup de foudre, mais déjà une ébauche de passion.
Tatemae (建前)
Concept fondamental dans la culture nippone, qu’on pourrait traduire par « façade ». Tatemae, c’est ce qu’on laisse transparaître de soi-même en société, les opinions et les sentiments qu’on ose exposer en public. Cette position consensuelle, adoptée en général pour éviter de faire des vagues ou de froisser un tiers, ne peut donc pas forcément toujours correspondre à ce qu’on pense ou ce qu’on désire réellement, qui se traduit par honne. Le paraître versus l’être, en quelque sorte.
Source : https://www.geo.fr